L'artiste
Louise Groux - Artiste Peintre
"Je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées." René Magritte
Ma démarche artistique est liée aux chocs esthétiques. Je pourrais l'explorer des heures.
Une œuvre peut apporter à elle seule une quantité de réponses.
Le livre de Rothko "La réalité de l'artiste" a levé le voile sur ma façon d'aborder la peinture notamment le sujet ; j’ai changé radicalement ma façon d’aborder la peinture à la suite de ce livre. J’aime peindre le figuratif infiniment subjectif avec un tracé de pinceaux pourtant brutale qui caresse l’abstraction...
J’ai 8 ans, je suis à Florence.
Au milieu des grands, dans un brouhahas de pas, mon regard à la hauteur des coudes, surgit devant moi un camaïeu de bleu. La contre-plongée accentue cette vision divine. Extatique, je découvre fascinée et comprends peu à peu cette silhouette féminine à la peau de porcelaine, cerclée de cheveux ondulants qui semblent tenter de la couvrir. Elle surgit au creux d’un immense coquillage, je ne retiens que ça, je ne souhaite que cela. Ce chef d’œuvre panse une soif d’absolue, la Vénus de Sandro Botticelli. Tout est là et y sera probablement toujours, j’ai su plus tard que je serai peintre mais j’ai su instantanément comprendre que mon âme était là.
Dès lors j’explore toutes les techniques, curieuse de voir les possibles. Mon langage est difficile avec le pastel sec, j’utilise le gras pour appuyer le croquis sur la toile. L’aquarelle quant à elle n’est pas assez forte mais l’encre est un médium qui me paraît évident. La gouache est douce et agréable, en revanche le dessin est contraignant car je souhaite sculpter la couleur, or ce dernier m’enferme dans son raisonnable. Le fusain trace aussi vite que la parole et s’efface de même aussi rapidement, je l’utilise brièvement pour déposer l’idée, la moduler... L’acrylique est un outil pratique, promptement sec, cousin de l’huile il me permet de réfléchir. Les feutres et autres crayons colorés esquissent rapidement le trait sur le papier mais sont trop petits pour la toile que je veux grande, elle me dévore, qu’elle dévore celui qui la regarde.
Les pinceaux, plutôt que les couteaux, j’y préfère la virtuosité du poignet et la dose de couleur appuyée. Je suis submergée d’émotion à la vue d’une touche de couleur posée au pinceau et d’en ressentir la volubilité, le dosage de tant de pigments pur ou non, que je reçois comme un dialogue qui passe les années, les frontières, l’histoire et se livre pourtant sans fard, là devant soi.
Je préfère les tubes de couleurs plus que la bombe, plus rapide mais moins couvrante, moins onctueuse, les paillettes me permettent l’avantage de ce que je ne peux faire différemment. J’aime ce matériau galvaudé pour le mettre là où ne l’attend pas. Il offre une pause visuelle qui m’amuse, qui me donne l’illusion d’être libre ...
Les papiers en tous genres et les tissus s’harmonisent à mon sens aux aplats de couleurs. Ils assoient le tableau dans une autre dimension.
La toile, le bois, le carton entoilé et le kraft sont des supports tour à tour choisis en fonction des humeurs et de leurs possibilités.
Mais l’huile, Aînée de mon atelier ne finit pas de m’apprendre, de me surprendre, de m’accompagner et qui, cadeau sublime, m’apporte l’ineffable, la virtuosité du sentiment, traverse l'émoi pour l’idéaliser. Je parle des lors avec ma toile.
Une toile de Renoir assez simple au musée de l'Orangerie, dont j'ai oublié le nom, m'a bouleversé. J'y ai découvert d'infimes détails qui me sont précieux... Comme le travail d’artistes plus contemporains de notre époque. Avec la période de Damien Hirst qui détonne et me charme sous certains aspects, tel son approche utopique des recherches sous-marines. L’artiste peintre Peter Doig est sa palette fascinante et attractive dont la poésie m’est proche. Le sculpteur Rembrandt Bugatti me passionne avec sa brutalité si juste, si subjective pourtant... Combien d’autres connus ou non m’ont passionnés, appris. J’en détestent beaucoup, j’en chéri tant d’autres. Chacun pourtant m’apprends considérablement. Je n’ai pas fait d’école, si ce n’est une prépa d’art ou je m’ennuyais.
A 18 ans je décide de partir d’un cursus établi.
Se livre dès lors une bataille sourde et latente où l’inexpérience me désespère.
Le 7ieme Art me propose une approche différente des musées, galeries, ateliers ; sur la façon dont je travaille, dont je me laisse guider par mes émotions, ma raison et enfin l’esthétisme...
Puis la musique moteur de mon atelier où je me laisse porter par les textes. Les variations appuient les humeurs, les instants et m’aident à éclore la toile ...
La spiritualité très présente se mélange aux mythes, personnalités historiques et légendaires se croisent et m’offre une infinie source d’inspirations.
Je suis à la recherche de l’insaisissable, proposer un monde onirique où la couleur est prépondérante. Pour ce faire, je fais poser mes personnages, maquillées, déguisées dans des mises en scènes minimalistes. J’y ajoute plus tard le maximaliste que j’aime tant, mais j’ai besoin de le penser une fois le sujet déployé.
J’utilise alors la photographie qui me permet un gain de temps non négligeable pour capturer les poses.
Désirant que sur la toile, elles prônent la principauté de l’idée dans un instant idéalisé, les figures deviennent souveraines. J’y associe souvent un fauve, des fleurs, des symboliques spirituelles. Je ressers l’étau dans ce qui me paraît foisonnant, indissociable, quasi chronique dans ma façon de lier les visuels qui me semble être une vérité esthétique dont j’ai besoin pour explorer l’immense jardin qu’est mon imaginaire et les structures qui me forge.
Pour enfin clore ma recherche dans ma proposition d’une explication à ma démarche artistique, je souhaite que mes toiles cessent d’être figuratives pour devenir l’incarnation d’une allégorie. Qu’elles agissent entre elles en une sorte de maïeutique, créent une illusion ou je tends à nourrir le sentiment. L’illusion d’un esthétisme subjectif que je propose de manière objective.
Merci